Le Kremlin devrait annoncer vendredi ou samedi sa décision d’acheter les porte-hélicoptères fabriqués par DCNS.
Le Kremlin prépare un joli cadeau de Noël au chef de l’État français, Nicolas Sarkozy, qui a enfin une bonne nouvelle à revendiquer dans le domaine du grand export dans l’armement, après la douche froide brésilienne (Rafale). Selon des sources concordantes à Moscou et à Paris, les Russes vont annoncer le 24 ou le 25 décembre le choix de DCNS comme vainqueur de l’appel d’offres portant sur la vente de quatre porte-hélicoptères de type Mistral, pour un montant évalué à environ 2 milliards d’euros. Pour autant, les négociations, qui sont « globalement bien avancées, ne sont pas terminées », précise-t-on à Paris.
Une annonce avant janvier
« La délégation de DCNS a quitté Moscou aujourd’hui sans faire d’annonce, mais il s’agit juste d’une question de calendrier », explique une source proche des négociations à « La Tribune ». Une autre source venant de l’ambassade de France à Moscou confirme qu’une annonce sera faite avant la fin de l’année. L’opération porterait, assure-t-on à Paris, sur la vente de deux Mistral fabriqués dans les chantiers navals de Saint-Nazaire par STX, tandis que deux autres seraient assemblés en majeure partie dans un chantier de Saint-Pétersbourg.
Fillon a été convaincant
La visite, le 9 décembre dernier à Moscou, du Premier ministre François Fillon a été déterminante. Il a accepté les exigences de son homologue russe Vladimir Poutine, qui avait précisé que la Russie se déterminerait « en fonction des prix et des transferts des technologies « . Reste que ce premier achat majeur d’armement à l’étranger divise profondément à Moscou. L’État-major des armées, le ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, et le très influent vice-Premier ministre, Igor Setchine, sont favorables à l’achat de Mistral. Toutefois, explique le directeur du Centre d’analyse stratégique et technologique Rouslan Poukhov, « le complexe militaro industriel est, bien sûr, contre. Mais on compte aussi des anti-Mistral parmi les experts, dont une partie estime que la flotte russe n’est pas capable d’opérer un tel navire, tandis que d’autres pensent que la Russie n’a pas besoin de bâtiment de projection ».
Le parlement russe a lui tranché mercredi : « Si notre complexe militaro-industriel n’est pas capable de produire les armements dont nous avons besoin, nous devons les acheter à l’étranger, estimait le directeur adjoint de la commission pour la défense au parlement russe, Igor Barinov. Le fait que notre industrie ait jusqu’ici eu l’exclusivité des commandes de l’armée n’a fait qu’accélérer son déclin. En outre, le coût des armes russes est parfois bien supérieur aux équivalents étrangers même si leur qualité est très inférieure. » Si les partisans du Mistral ont finalement gagné à Moscou, ils ont aussi utilisé leurs opposants pour obtenir des concessions de Paris et fait traîner les négociations pendant près de deux ans.
Source : La Tribune.fr – 23/12/2010 | 08:40 – 442 mots