Pfff, un de plus là- haut.
Michel Tonnerre a mis les voiles vers l’autre rive dans la nuit de lundi à mardi. Le chanteur lorientais, très malade depuis plusieurs mois, venait de fêter son 63ème anniversaire le 30 juin dernier. Affaibli par la maladie, il avait livré un septième album en début d’année.
Très bon article du Télégramme :
Le Tonnerre ne gronde plus
Michel Tonnerre a définitivement largué les amarres, emporté par la maladie. Sises amis ont aujourd’hui le cœur à marée basse, ils savent aussi que ses chansons résonneront encore dans les ports de France et d’ailleurs. Comme un hommage à l’auteur de «Quinze marins».
Mickael Yaouank, chanteur du groupe Djiboudjep:
«On s’est rencontré en 1970. Moi je chantais des chants traditionnels. Il est arrivé avec ses textes. On a créé le groupe Djiboudjep, en empruntant le surnom donné à un mousse groisillon. Avec le groupe, on a popularisé le chant de marin. Avant, il n’y avait ni concert, ni chorale de chants de marins. Michel a enrichi le patrimoine maritime. 42 ans après notre rencontre, nous avions décidé d’enregistrer un album tous les deux.
Michel est parti. Mais l’album sortira». Jean-Jacques Mel, auteur-compositeur interprète: «C’est le pape de la chanson de marins qui vient de partir. C’est lui qui a fait le chant de marins. Michel, c’était Corto Maltese incarné. Moi, je m’occupais de ses productions. Il y a encore une semaine, il m’avait demandé de l’accompagner dans l’enregistrement de quelques chansons, en compagnie de Mickael Yaouank. Pendant quelques heures, ils ont encore enregistré une dizaine de chansons. Michel savait qu’il n’en avait plus pour très longtemps, mais il voulait chanter jusqu’au bout… Le chant de marins est orphelin, aujourd’hui».
Norbert Métairie, maire de Lorient: «L’albatros a pris son envol», a réagi hier Norbert Métairie. «C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès de Michel Tonnerre. Je voudrais rendre hommage à ce voyageur ailé, ébloui de mer et d’azurs; à cet auteur à la prose débordante de vie, d’humanité, à la voix de roc et de rage. Ses textes, au ton juste, qui charriaient toute la rumeur des océans, débarquaient le tumulte des ports et portaient l’infini de l’aventure, resteront, pour plusieurs générations, une puissante invitation à l’ailleurs, une ode à la liberté. Je garde aussi en mémoire un ami, au tempérament océanique, qui a su, toute sa vie, chanter dans la tempête.Il nous laisse un témoignage maritime d’une redoutable intensité poétique mais aussi une œuvre artistique d’une grande sensibilité: celle d’un homme déchiré entre l’absolu de ses rêves et le poids de l’actuel, du réel».
Jean-Yves Le Drian, président du conseil régional: «Un pirate breton s’en est allé. Un poète lorientais nous a quittés. C’est avec infiniment de tristesse que je viens d’apprendre le décès de Michel Tonnerre, artiste bourlingueur unique qui laisse derrière lui une œuvre déjà immortelle. Un répertoire tombé dans notre patrimoine commun, taillé comme lui à la serpe, avec du caractère, avide de liberté et d’envie de partir, mais surtout gorgé de bordées maritimes.
La Bretagne vient de perdre un «Gabier noir» qui aura nourri les songes de nombreux d’entre nous d’histoires de flibustiers et d’envies d’ailleurs». Guy Carton, président de l’association «Les Arts en portée»: «Depuis 2003, on avait monté l’association «Les Arts en portée» en invitant plusieurs artistes. Michel en faisait partie. Ce n’était pas un luxe: Michel manquait un peu d’ordre… Son dernier album, on l’a enregistré alors qu’il était déjà bien affaibli par la maladie. On a réussi à «faire» les voix en enregistrant Michel chez lui, à son domicile. C’est en grande partie grâce au travail de David Bellec, son guitariste. Michel était un homme attachant. Son public lui pardonnait tout, même ses colères, qui étaient légendaires».
Guy Lucas, programmateur musical de l’Océanis, à Ploemeur: «Je trouve que Michel n’avait pas la place qu’il méritait. C’était un très grand de la chanson française. Tout le monde chante du Michel Tonnerre sans savoir que c’est du Michel Tonnerre. « Libertalia, son « opéra pirate », était un projet cher à son coeur. C’était un regret de n’avoir pu le jouer que deux fois. Il y a peu, il me disait: « Je ne serai pas là pour le voir, mais il faut remettre ça ». Ce serait en effet un bel hommage… C’était quelqu’un qui avait une grande classe, un énorme charisme…».
Bernard Le Cabellec, des Gabiers d’artimon: «Nous avons participé à l’enregistrement de deux albums de Michel Tonnerre et à quelques-uns de ses concerts. Il était à nos côtés pour le concert de nos30 ans au Grand théâtre. C’est un grand monsieur de la chanson de marins et de la mer qui disparaît. Mais ses textes resteront. Et sa chanson « Quinze marins » sera toujours un classique» Pierre Morvan, directeur du Festival du chant de marins à Paimpol: «C’était un habitué du festival, une figure incontournable du chant de marins. Si Paimpol est la Mecque du chant de marins, Michel en est le pape! Beaucoup de groupes reprennent du Michel Tonnerre en pensant jouer des chants traditionnels. Ces chansons sont interprétées partout en France où il y a des fêtes de chant de marins. Et même à l’étranger. Je me souviens avoir entendu à Cracovie un groupe polonais reprendre ses chansons! Au festival de Paimpol, il y aura toujours, d’une manière ou d’une autre, un hommage à Michel Tonnerre puisque l’on chantera toujours autour du port ses chansons».