Livré jeudi, le patrouilleur a été conçu et réalisé sur les fonds propres de DCNS, qui le prête pour trois ans à la Marine nationale. Les deux parties trouvent leur intérêt dans cet arrangement
Depuis jeudi après midi, le port militaire de Toulon compte un nouveau venu : L’Adroit. Gris comme la grande majorité des bateaux de guerre, furtif comme ses grandes sœurs, les frégates Surcouf, Courbet et Aconit, qui l’entourent de part et d’autre de l’appontement Milhaud 4, cet Offshore Patrol Vessel (OPV) passerait presque inaperçu. C’est sans compter sa mâture unique – sorte d’entonnoir inversé – qui offre une couverture radar sans masque et sa passerelle panoramique sur 360°.
Trois ans de prêt
Mais la principale particularité de ce navire flambant neuf est ailleurs. «Ce bateau a été conçu et réalisé sur les fonds propres de DCNS qui le prête pendant trois ans à la Marine nationale», explique Bernard Sans, le directeur de DCNS Services Toulon. Un arrangement « gagnant-gagnant », pour reprendre une expression à la mode dans le milieu des affaires.
Pour DCNS, c’est un investissement, certes. Mais, du coup, son OPV est un bateau bien réel, qui navigue et pas uniquement un joli dessin de plus dans un catalogue. Pour le vendre à des pays étrangers qui n’ont pas une marine de premier rang, c’est tout de même plus facile. Surtout s’il est « sea proven ». Autrement dit : testé et approuvé par la Marine nationale française.
Qualités nautiques affirmées
Pour cette dernière, c’est tout bénéfice. Sans dépenser un centime, elle dispose d’un nouveau bâtiment qui se veut parfaitement adapté aux missions de l’action de l’état en mer : surveillance des approches maritimes, surveillance des pêches, lutte contre les trafics illicites et même lutte contre la piraterie.
Pour l’heure, les premières impressions sont bonnes. «La navigation entre Lorient et Toulon nous a donné une bonne idée des qualités nautiques du bateau. J’ai des souvenirs plus douloureux des avisos… Le système de stabilisation – deux cuves transversales à l’intérieur desquelles se déplacent quarante tonnes d’eau – est apparemment efficace», commente le capitaine de frégate Loïc Guyot, commandant de L’Adroit depuis le 21 octobre dernier.
Pour autant, l’OPV n’est pas encore prêt à se lancer à la chasse aux narcos et autres flibustiers des temps modernes. «Avant d’être admis au service actif, probablement en début d’année prochaine, L’Adroit doit effectuer son stage de mise en conditions opérationnelles. Pour les premières missions, dans un premier temps en Méditerranée, il faudra attendre février 2012», confie le « pacha ». Entre-temps, le patrouilleur hauturier aura perfectionné sa rampe de mise à l’eau rapide des embarcations de commando.
Extrait de Var-Matin. Publié le lundi 28 novembre 2011 à 07h16