Le groupe naval français a annoncé, hier, avoir signé un accord avec le chantier sud-africain Kobus Naval Design (KNB). Ce Memorandum of Understanding (MoU) porte sur la promotion, la réalisation et la commercialisation d’Offshore Patrol Vessels (OPV) de la famille Gowind en Afrique du Sud, dont la marine souhaite se doter de patrouilleurs hauturiers. « Cet accord est intervenu à la suite des visites de DCNS et de KND sur leurs sites respectifs, qui ont permis aux deux industriels du secteur naval de mesurer les atouts d’un tel partenariat. Cet accord prometteur est de nature à permettre de remporter des marchés d’OPV en Afrique sub-saharienne, à commencer par celui attendu en Afrique du Sud », précise DCNS, qui ambitionne, en premier lieu, de remporter avec son partenaire le contrat des futurs patrouilleurs hauturiers sud-africains. Dans le cadre du programme BIRO, l’Afrique du Sud souhaite, en effet, se doter de trois OPV de 85 mètres et trois IPV (Inshore Patrol Vessels) de 60 mètres. KNB s’est donc allié à DCNS pour les OPV et à Austal pour les IPV. « Cet accord marque la volonté du groupe DCNS de s’inscrire dans une démarche de partenariat à long terme avec KND dans le but de répondre au plus près aux besoins de la marine sud-africaine », indique Pierre Legros, directeur des systèmes navals de surface de DCNS. L’objectif est notamment de proposer une solution au remplacement des patrouilleurs lance-missiles du type Reshef/Saar 4 israéliens, dont il ne reste plus que trois unités en service (six autres ont déjà été désarmés), tout en apportant à la marine sud-africaine de nouvelles capacités à même de répondre aux besoins de surveillance maritime. Comme pour le dernier grand programme de frégates sud-africaines, qui a donné naissance aux quatre unités du type allemand Meko A200, l’industrie de défense locale souhaite se rapprocher d’un partenaire étranger. Mais, contrairement aux frégates, qui ont été réalisées chez TKMS en Allemagne et achevée en Afrique du Sud, il s’agit cette fois de réaliser les bâtiments localement, où DCNS a déjà de l’expérience. En effet, c’est l’ex-TNF (Thales Naval France), intégré à DCNS en 2007, qui a fournit et intégré le système de combat des Meko 200A.
Concernant BIRO, le programme en est pour l’heure au stade du RFI (Request For Informations), un RFP (Request for Proposal) étant attendu d’ici la fin de l’année. Le choix des industriels lauréats et la commande devraient ensuite intervenir en 2012/2013.
Un marché potentiel très important sur le continent africain
Le programme sud-africain représente un enjeu très important pour les industriels. Car, si le nombre d’OPV à construire est limité, beaucoup considèrent que le lauréat du contrat prendra une longueur d’avance sur le marché de la surveillance maritime en Afrique, où de nombreux pays souhaitent renforcer leurs moyens. Entre la piraterie qui sévit du golfe d’Aden au canal du Mozambique, les attaques perpétrées dans le golfe de Guinée, la nécessité de protéger les installations pétrolières offshores et la problématique de la pêche illicite et de l’immigration ; de nombreuses marines veulent se doter de patrouilleurs hauturiers à même de protéger leurs zones économiques exclusives. En tout, le marché est estimé à une cinquantaine d’OPV dans les 20 prochaines années. C’est pourquoi DCNS fera face à unes sérieuse concurrence sur le marché sud-africain. En tout, une dizaine de compétiteurs seraient en lice. Des Européens bien entendu, mais aussi des constructeurs asiatiques, comme les Coréens et les Singapouriens. Le groupe français a, néanmoins, de solides atouts dans son jeu. D’abord, son alliance locale avec KNB, qui utilise les moyens industriels de la base navale située à Simons’ Town, dans la région du Cap. Maîtrisant les méthodes de production de ce type de navires, le chantier sud-africain, qui réalise actuellement 6 patrouilleurs rapides pour un pays d’Afrique de l’Ouest, pourrait avec DCNS, profiter du partenariat commun pour non seulement gagner le marché national et répondre à la volonté des autorités sud-africaines de voir les navires réalisés localement, mais également développer son activité à l’international.
Un produit adapté aux besoins
De plus, selon un spécialiste, « Gowind répond parfaitement aux spécifications sud-africaines ». Comme d’autres pays, l’Afrique du sud souhaite, en effet, se doter d’un bâtiment simple, robuste, endurant et présentant des coûts d’exploitation et de maintenance réduits. C’est justement dans cette perspective que DCNS a conçu la famille des OPV et corvettes de la gamme Gowind, qui comprend une série de bâtiments plus ou moins gros et équipés, allant de 1000 à 2500 tonnes. Et, pour valider le concept et proposer une plateforme éprouvée à la mer, l’industriel français a décidé de produire, sur fonds propres, une tête de série. Il s’agit de L’Adroit, réalisé dans le cadre du projet Hermès. Mesurant 87 mètres, ce bâtiment présente une autonomie de 8000 milles nautiques. Il peut rester plus de 3 semaines en haute mer, atteindre une vitesse de 21 noeuds et accueillir un hélicoptère et des drones. Il ne requiert qu’un équipage réduit de 30 personnes et peut transporter en plus une trentaine de passagers. Le navire présente dispose également d’une visibilité sur 360° depuis la passerelle, une mâture unique pour une couverture radar à 360°, la mise en oeuvre discrète et en sécurité en moins de 5 minutes d’embarcations rapides, ou encore l’exploitation de drones aériens et de surface.
Correspondant à l’entrée de gamme de la famille Gowind, L’Adroit, construit à Lorient, a débuté cet été ses essais en mer. Fin 2011, il sera mis à la disposition de la Marine nationale, qui l’utilisera durant deux ans pour ses propres besoins. C’est sur la base de ce premier patrouilleur que DCNS va développer son offre dans le cadre du programme BIRO. Et, pour présenter son nouveau fleuron aux autorités sud-africaines, on devrait sans doute voir L’Adroit en escale en Afrique du Sud en 2012.