En ce jour de mis à l’eau de la FREMM Provence, les nouvelles sont plutôt contrastées pour DCNS.
Alors que le PDG, Patrick Boissier exposait hier devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale lors d’une session d’examen de la loi de programmation militaire, il a confirmé avoir remporté un contrat de 750 millions d’euros pour rénover des frégates en Arabie saoudite. En revanche, il se désolait de la loi de programmation militaire qui va provoquer la remise en cause des programme Barracuda et Fremm et coûtera jusqu’a 1,2 milliard d’euros. Plus de 1 000 emplois directs ou indirects sont selon lui menacés.
DCNS confirme un contrat de 750 millions d’euros en Arabie saoudite
Dépêche AFP, publiée le 18/09/2013 à 15:47 et mise à jour à 15:47
« On est en train de finaliser le contrat LEX pour l’entretien et la rénovation des frégates Sawari I, contrat qui fera 750 millions à peu près pour DCNS« , a déclaré Patrick Boissier devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale.
Ce contrat LEX (Life extension Sawari I) porte sur la modernisation de quatre frégates de classe Al Medinah et de deux pétroliers ravitailleurs de classe Boraida, mis en service en 1985-1986.
Le site économique La Tribune avait annoncé fin août la victoire de DCNS et de ses partenaires Thales et MBDA sur ce contrat, attendu depuis plusieurs années. La Tribune évaluait l’ensemble à un milliard d’euros, ce qui avait été confirmé à l’AFP de source officieuse.
DCNS tablait sur ce succès pour se positionner sur les prochaines acquisitions de la marine saoudienne.
« L’Arabie saoudite veut des nouvelles frégates, veut des sous-marins, il faut qu’on se bagarre pour être présents dans ce pays où la France a toujours eu un rôle significatif dans le domaine naval« , a déclaré M. Boissier.
Il déposait devant la commission parlementaire dans le cadre de l’examen du projet de Loi de programmation militaire 2014-2019 qui étale les commandes du ministère de la Défense auprès des industriels.
D’après M. Boissier, le chiffre d’affaires de DCNS « dépassera largement les 3 milliards d’euros » cette année et son carnet de commandes s’approche des 15 milliards.
DCNS touché de plein fouet par la loi de programmation militaire
Article d’Alain Ruello paru dans Les echos le 18/09 à 13:56
On sait gérer, mais pas sans casse. C’est, en substance, le message que Patrick Boissier, le PDG de DCNS, a livré ce mercredi devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale lors d’une session d’examen de la loi de programmation militaire. Et ces conséquences, à en croire le patron du groupe naval militaire, sont plutôt sombres : les remises en causes des programmes de sous-marins Barracuda et de frégates multi-missions Fremm coûteront à l’Etat jusqu’à 1,2 milliard d’euros et fragiliseront un millier d’emplois, directs ou indirects.
Compte tenu des contraintes budgétaires qui pèsent sur les finances publiques, DCNS ne pouvait pas échapper à la tempête. S’il a estimé que la loi de programmation préserve l’essentiel, Patrick Boissier n’a pas caché l’ampleur des conséquences sur « ses » grands programmes du groupe naval. Par leur masse financière, ils étaient des candidats naturels aux mesures d’économies.
Deux ans de plus pour les Barracuda
Pour économiser sa trésorerie, le ministère de la Défense use de la seule recette à sa disposition, à savoir étaler les cadences de livraisons. Ainsi, a détaillé Patrick Boissier, le programme Barracuda va prendre deux ans de plus pour être mené à son terme. La livraison du premier exemplaire va glisser de six mois, de 12 mois et 18 mois respectivement pour les deux suivantes, et de deux ans pour les trois dernières. Surcoût total : 300 millions d’euros, et jusqu’à 500 emplois menacés, à Cherbourg principalement, même si des commandes de sous-marins Scorpène pourraient atténuer les dégâts.
En ce qui concerne les Fremm, l’ambiance n’est pas joyeuse non plus. DCNS est liée avec la DGA par un contrat portant sur la construction de 11 frégates, à raison d’une livrée tous les dix mois (la première l’a déjà été). A ce stade, la loi de programmation en prévoit six d’ici à 2019, mais avec quatre mois de plus entre chaque livraison. Facture additionnelle : 450 millions, soit le coût d’une frégate.
Trois Fremm à la trappe ?
« Le passage de 17 à 11 Fremm avait déjà coûté l’équivalent d’une frégate. Le décalage de livraison de sept à dix mois, une frégate supplémentaire. Si l’on passe de 10 à 14 mois, alors tout cela aura coûté le prix de trois frégates », a résumé Patrick Boissier. Côté emploi, ce dernier estime l’impact à 500 postes (1.000 si, comme il se murmure, on passait non pas à 14 mois, mais à 18 mois). Là encore, des commandes à l’exportation seraient bienvenues pour le maintien des emplois.
Mais il y a pire, a ajouté Patrick Boissier, devant des députés très sensibles en tant qu’élus locaux aux conséquences sociales dans leurs circonscriptions. Si les trois dernières des 11 Fremm prévues devaient passer à la trappe, alors la facture s’alourdira de 900 millions d’euros. L’annulation de la commande de 3 frégates ne permettrait alors d’économiser que le prix… d’un seul navire !
Le site Atlantico relève aussi dans son édition du 18 septembre ce « gaspillage » de 1,2 milliards d’euros:
Les remises en causes des programmes de sous-marins Barracuda et de frégates multi-missions Fremm coûteront à l’Etat jusqu’à 1,2 milliard d’euros et fragiliseront un millier d’emplois, directs ou indirects. Ce sont les conséquences de la loi de programmation militaire à en croire Patrick Boissier, le PDG de DCNS qui s’est exprimé ce mercredi devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale. Les contraintes budgétaires pèsent sur les finances publiques. DCNS ne pouvait pas y échapper. Par la masse financière d’argent en jeu, DCNS était candidat aux mesures d’économie. S’il a estimé que la loi de programmation préserve l’essentiel, Patrick Boissier n’a pas caché l’ampleur des conséquences sur « ses » grands programmes du groupe naval. Les Barracuda Pour économiser sa trésorerie, le ministère de la Défense use de la seule recette à sa disposition, à savoir étaler les cadences de livraisons. Le programme Barracuda prendra deux ans de plus pour être mené à son terme. La livraison du premier exemplaire va glisser de six mois, de 12 mois et 18 mois respectivement pour les deux suivantes, et de deux ans pour les trois dernières. Surcoût total : 300 millions d’euros, et jusqu’à 500 emplois menacés, à Cherbourg principalement, même si des commandes de sous-marins Scorpène pourraient atténuer les dégâts. Les Fremm DCNS est liée avec la DGA par un contrat portant sur la construction de 11 frégates, à raison d’une livrée tous les dix mois (la première l’a déjà été). La loi de programmation en prévoyait six d’ici à 2019. Néanmoins les livraisons seront espacés d’un délai supplémentaire à savoir quatre mois entre chacun. Le coût de ce décalage est de 450 millions, soit le coût d’une frégate. « Le passage de 17 à 11 Fremm avait déjà coûté l’équivalent d’une frégate. Le décalage de livraison de sept à dix mois, une frégate supplémentaire. Si l’on passe de 10 à 14 mois, alors tout cela aura coûté le prix de trois frégates », a résumé Patrick Boissier. Côté emploi, ce dernier estime l’impact à 500 postes (1.000 si, comme il se murmure, on passait non pas à 14 mois, mais à 18 mois). Là encore, des commandes à l’exportation seraient bienvenues pour le maintien des emplois. Mais il y a pire, a ajouté Patrick Boissier, devant des députés très sensibles en tant qu’élus locaux aux conséquences sociales dans leurs circonscriptions. Si les trois dernières des 11 Fremm prévues devaient passer à la trappe, alors la facture s’alourdira de 900 millions d’euros. L’annulation de la commande de 3 frégates ne permettrait alors d’économiser que le prix… d’un seul navire !